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Fondation canadienne de l’allaitement maternel

Vous devriez continuer à allaiter (2)
Maladie chez la mère ou le bébé

Introduction

Depuis des années, beaucoup trop de femmes se sont fait conseiller, à tort, de cesser d’allaiter. Si la mère doit prendre un médicament, par exemple, la décision de poursuivre l’allaitement se fonde sur bien d’autres facteurs que sur la présence éventuelle du médicament dans le lait maternel. Il faut aussi tenir compte des risques de ne pas allaiter pour le bébé, pour la mère, pour la famille ainsi que pour la société. Et le fait de ne pas allaiter présente tellement de risques que la question se résume ainsi : Est-ce que la faible quantité de médicament excrétée dans le lait rend vraiment l’allaitement plus dangereux que l’alimentation au lait artificiel? La réponse: presque jamais. La présence d’une faible dose de médicament dans le lait maternel est presque toujours sans danger. En d’autres termes, la prudence recommande de continuer à allaiter, et non d’arrêter.

Il ne faut pas oublier que suspendre l’allaitement pendant une semaine peut causer un sevrage définitif car le bébé pourrait ne plus jamais vouloir prendre le sein. Il faut aussi se souvenir que certains bébés refusent totalement le biberon; une interruption de l’allaitement sera non seulement injustifiée, elle sera aussi difficile à mettre en pratique. S’il est facile de conseiller à la mère de tirer son lait quand elle n’allaite pas, cela ne sera pas toujours évident pour la mère, qui pourra se retrouver avec un engorgement douloureux.

Maladie chez la mère

Très peu de maladies de la mère nécessitent une interruption de l’allaitement. C’est particulièrement vrai des maladies infectieuses, soit celles pour lesquelles on dit le plus souvent à la mère d’arrêter d’allaiter. La plupart des infections sont causées par des virus. Dans la majorité des infections virales, la mère est contagieuse avant même de se rendre compte qu’elle est malade. Quand la fièvre (ou le rhume, l’écoulement nasal, la diarrhée, les vomissements, les éruptions cutanées, etc.) se manifeste chez la mère, l’infection a déjà été transmise au bébé. Comme l’allaitement protège le nourrisson contre l’infection, la mère doit poursuivre l’allaitement pour le protéger. Si le bébé tombe malade, ce qui est possible, il le sera moins gravement que s’il n’était plus allaité. Mais souvent, les mères constatent avec joie que leur enfant n’est même pas malade. Il a été protégé par le lait maternel. Les infections bactériennes (comme les streptococques) ne posent aucun problème elles non plus.

Voir l’article 9a sur les médicaments et l’allaitement maternel pour la poursuite de l’allaitement lorsqu’un traitement est prescrit.

La seule exception définitive, c’est la séropositivité pour le VIH chez la mère. En attendant d’en savoir davantage, on estime qu’une mère séropositive ne devrait pas allaiter, du moins quand les risques associés au lait artificiel sont acceptables. Il y a toutefois des circonstances, même au Canada, où les risques de ne pas allaiter sont suffisamment élevés pour que l’allaitement ne soit pas forcément déconseillé. Sur ce sujet, beaucoup de questions sont encore sans réponse. En fait, une étude récente a démontré que l’allaitement exclusif protégeait mieux le bébé contre la contamination par le VIH que l’alimentation au lait artificiel, et que le risque le plus élevé de transmission verticale était associé à l’alimentation mixte (lait maternel + lait artificiel). Ces résultats demandent à être confirmés.

Les anticorps du lait maternel

Certaines mères souffrent de maladies « auto-immunes », comme le purpura thrombopénique idiopathique, les maladies thyroïdiennes auto-immunes et de nombreuses autres. Ces maladies se caractérisent par le fait que l’organisme fabrique des anticorps contre ses propres tissus. On a conseillé à certaines mères de cesser d’allaiter parce que ces anticorps passent dans le lait et pourraient rendre leur bébé malade. C’est incroyablement insensé.

La majeure partie des anticorps du lait maternel sont des IgA, des immunoglobulines sécrétoires. Les maladies auto-immunes ne sont pas causées par les IgA. Et même si elles l’étaient, les IgA sécrétoires ne sont pas absorbées par le bébé. La question est donc sans objet. La mère doit continuer à allaiter.

Les problèmes de sein

Nouvelle grossesse

Nul besoin de cesser d’allaiter en cas de grossesse. Rien ne prouve que cela nuira à la mère, au fœtus ou au bébé allaité. Si la mère veut arrêter d’allaiter, elle peut prendre son temps et sevrer son bébé en douceur, quoique la production lactée est souvent plus basse durant la grossesse, et certains bébés cesseront de téter de leur propre initiative.

Maladie chez le bébé

Il est rare que le sevrage soit nécessaire à cause d’une maladie chez l’enfant. Grâce à l’allaitement, la mère peut réconforter son enfant malade, et en tétant l’enfant réconforte sa mère.

Le bébé malade n’a pas moins besoin d’être allaité, il en a plus besoin!

En cas de problème non abordé ci-dessus, il ne faut pas supposer a priori qu’il faut arrêter l’allaitement mais continuer à allaiter, et se renseigner. On a recommandé à des mères de sevrer leur enfant pour des raisons trop stupides pour qu’on en parle.


Traduction du feuillet n°9b, « You Should Continue Breastfeeding (2) Illness in the mother or baby ».
révision janvier 2005 par Jack Newman, MD, FRCPC © 2005

Version française, mars 2005, par Stéphanie Dupras, IBCLC, RLC

Peut être copié et diffusé sans autre autorisation, à condition qu’il ne soit utilisé dans aucun contexte où le Code international de commercialisation des substituts du lait maternel de l’OMS est violé.